Regina Derieva : La bonne approche
Les anciens ont bien parlé :
brièvement – mais bien.
Leurs pensées étaient dotées d’ailes –
semblables à celles d’Hermès –
les anciens ne se souciaient pas
d’un malentendu possible –
tout le monde les comprenait.
Mais si quelqu’un a un mental faible,
il couchera discrètement avec
une Muse, l’une des neufs.
Et la Muse
en inclinant gracieusement la tête,
lui apprendra.
Elle lui apprendra à continuer à rester
silencieux et silencieux et silencieux.
Et si elle lui permet de parler
il devra s’exprimer en hexamètres.
*
(traduit du russe par Ilya Kaminsky et Katie Farris, puis
de l’anglais
par Sabine Huynh)
"Espace de passage" traduit par Véronique Lossky
Les brumes de mon pays
m’ont mangé les yeux.
Est-ce pour cela que le rhapsode est aveugle ?
Dans mes orbites antiques vivent
des chouettes, à mes pieds de marbre
joue le ressac
des larmes d’autrui.
Ma tunique blanche
Est devenue voile des bateaux
Qui appareillent. Je ne lirai plus
la liste des bateaux,
pas même jusqu’au milieu.
Là où le souffle meurt
paraît l’irréparable.
Est-ce pour cela que le rhapsode est aveugle ?
**
http://levurelitteraire.com/0NUMERO6/PDF/regina.pdf
http://levurelitteraire.com/editorial2/
“Dans le Silence la Louange”. Traduction par le Père Paul Sylvestre
---
Notre
propos
est important.
Car c’est important
de garder le silence.
Notre propos,
c’est le silence.
---
Il
n’est pas possible
de parler avec quelqu’un
en recourant au langage.
Mais avec tous, il est possible
de garder le silence,
en suivant la ligne verticale,
telle une montagne,
telle une cathédrale.
---
Le
silence
qu’on peut lire dans les yeux
est plus nuancé que parole.
---